Crashs, incidents à répétition… Comment ne plus avoir peur ?

Depuis quelques années, les crashs aériens et divers incidents ont été fortement médiatisés. S’ils se produisaient auparavant, leur médiatisation était moindre et générait moins de craintes.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Même en 2014, l’avion reste le moyen de transport le plus sûr du monde. 763 décès en 2014 pour le moment, contre 1200 estimatifs pour le train (et encore, uniquement dans l’Union Européenne).
Résultat, la plupart des personnes qui décèdent en prenant l’avion… meurent en chemin pour l’aéroport !
La peur de prendre l’avion vient donc de plusieurs facteurs : les enchaînements d’incidents médiatisés, qui génèrent une sorte de psychose, mais aussi la méconnaissance technique : si l’on sait comment conduire une voiture ou un train, le pilotage d’un aéronef demande des connaissances techniques importantes en mécanique, en physique et en mathématiques.

Des stages pour mieux comprendre

Ces connaissances qui permettent de remonter à la base des mécanismes qui font qu’un avion vole sont néanmoins vulgarisables pour être comprises par le grand public.
Aussi, depuis quelques années des structures proposent des stages permettant au commun des mortels, pétrifiés à l’idée de prendre l’avion, de dédramatiser à la fois en comprenant l’origine des peurs, et en fournissant les informations techniques permettant de comprendre les sensations génératrices de peur.
Dimanche 19 octobre 2014, j’ai été invité (à titre gracieux) à un stage organisé par le Centre de Traitement de la Peur en Avion.
Le stage était animé à la fois par une psychologue et par un spécialiste de la sécurité aérienne. Ces explications étaient accompagnées d’une séance en simulateur de vol aux commandes.

Une peur souvent irrationnelle

La peur de l’avion est à distinguer des autres peurs comme la claustrophobie ou le vertige. Renforcée par les images d’actualité sur les crashs, elle est issue, bien souvent d’une méconnaissance technique qui ne permet pas d’être en confiance.
Cette peur atteint 20% de la population, et 1/3 de la population avoue avoir une appréhension avant de prendre un vol.
Les participants à des stages tels que celui-ci sont constitués à 60% de femmes et 40% d’hommes, mais cette répartition ne se retrouve pas lors de sondages anonymes, ce qui indique que les hommes assumeraient moins cette peur.

Expliquer des sensations ressenties

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Le stage auquel j’ai assisté, au delà de donner des techniques de relaxation simples autour de la respiration (cohérence cardiaque…) et d’expliquer les mécanismes physiologiques du déclenchement de ces peurs, insistent sur d’une part, la dédramatisation autour des accidents d’avion et d’autre part, des explications techniques sur les phénomènes ressentis et sur l’industrie aéronautique en général.
Quelques chiffres ont retenu mon attention :

  • 600 000 personnes volent, à chaque instant, dans un avion
  • Une turbulence forte équivaut à un mouvement (vers le haut ou vers le bas) d’une vingtaine de centimètres, même si la sensation ressentie peut faire penser que l’avion « tombe » d’une dizaine de mètres : C’est la vitesse à laquelle ce mouvement se produit qui démultiplie la sensation
  • En 2013, seuls 7 accidents mortels ont eu lieu, engendrant 165 morts.
  • En moyenne, sur les 40 dernières années, le taux de survie dans un crash mortel est supérieur à 50%

Les explications autour des décompressions ont également démystifié ce phénomène, et enlevé les images hollywoodiennes des cerveaux des participants !

Piloter pour mieux percevoir

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Voler aux commandes d’un avion est la dernière partie du stage auquel j’ai pu assister. Voir ces participants prendre les commandes d’un Boeing 737 en conditions réelles est assez impressionnant. Même si leur copilote est très expérimenté, la dextérité dont ils font preuve est impressionnante, et ils en ressortent transformés.
J’ai pu voir 3 petits vols, dont un en conditions normales (CDG), un en conditions nuageuses (CDG) et le dernier par temps orageux (NCE), et dans tous les cas, les instruments sont utilisés pendant plus de 95% du vol.
Le travail effectué par le pilote automatique est également assez impressionnant et peut aller jusqu’à l’atterrissage automatique, les pilotes n’ayant pour travail que la vérification du bon fonctionnement des automatismes, et le roulage.

Quelles solutions pour vaincre cette peur

Les médicaments ou l’alcool ne sont pas des solutions, en tous cas à long terme. La solution pérenne passe par un travail sur soi certain, mais aussi par une meilleure connaissance technique de l’aviation et de ses principes de base.
Je recommande à tous ceux qui ont une boule au ventre avant de voler de s’inscrire à un stage tel que celui du CTPA. Xavier Tytelman, l’expert qui intervient lors de ces stages est un grand professionnel qui sait trouver les bons mots pour expliquer et dédramatiser des situations parfois tragiques. Le stage du CTPA coûte 430 €, et peut faire l’objet soit d’une prise en charge dans le cadre du DIF (France uniquement), soit d’une prise en charge partielle auprès de votre mutuelle.
D’autres stages existent, notamment auprès de grandes compagnies aériennes, comme Air France. N’hésitez pas à vous renseigner directement auprès d’eux.

Olivier Delestre-Levai
Olivier Delestre-Levai
Olivier est sur la blogosphère du transport aérien depuis 2010. D'abord contributeur majeur du forum FlyerTalk, il crée en juillet 2012 le site FlyerPlan, et rédige des articles à l'écho majeur chez les spécialistes de l'aérien. Il co-dirige désormais le blog TravelGuys avec Bertrand, en se focalisant sur l'expérience de voyage et les programmes de fidélité. Et bien sûr, tous vos articles préférés de FlyerPlan sont désormais sur TravelGuys !
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