Comment être sûr d’être surclassé en avion ?

Aujourd’hui nous allons parler d’une des questions les plus fréquemment posées quand on parle de voyage en avion : comment se faire surclasser !

Qu’on parle d’avion ou d’hôtel le surclassement est souvent le bénéfice le plus apprécié par le voyageur et le nombre de sites et forums où le sujet est abordé est tout simplement ahurissant.

Pour autant ce que je lis ne peut que me faire sourire au vu de mes expériences passées : il suffirait d’embarquer dans les derniers, de faire un grand sourire à l’hôtesse ou je ne sais quoi de totalement farfelu pour espérer se retrouver propulsé dans la classe supérieure.

Alors autant dire les choses franchement : si vous n’êtes pas le conjoint du pilote ou d’un membre du personnel, le petit neveu d’un membre influent du comité de direction, un acteur mondialement connu qui aurait par erreur réservé en éco vos chances d’être surclassé « comme ça » si vous n’avez aucun statut sur le programme de fidélité ou ne comptez pas sortir la carte bancaire, votre chance d’être surclassé est proche du zéro absolu. Essayez le loto vous aurez plus de chances de gagner le gros lot.

Pour les autres vos chances dépendront d’un facteur tout simple : combien vous avez dépensé avant ou combien vous comptez dépenser maintenant.

Mais essayons de prendre les choses dans l’ordre. Il y a plusieurs types de surclassement et je ferai avant tout la distinction entre surclassement payant et gratuit.

Le surclassement payant : le seul moyen d’être sûr d’être surclassé.

On parle de surclassement payant lorsqu’à un moment ou un autre du parcours voyageur on vous propose d’être surclassé contre paiement d’un supplément.

Et là on trouve autant de pratiques qu’on trouve de compagnies, ou presque.

Sur British Airways on vous proposera de vous surclasser en business contre paiement d’une certaine somme avant de payer votre billet en éco. Mais même si vous laissez passer l’occasion vous aurez la possibilité de vous surclasser ultérieurement depuis votre espace client ou l’application mobile dans la limite du nombre de places éligibles/disponibles. Idem chez Lufthansa ou Swiss.

Chez Air France c’est aléatoire. Ou plutôt c’est proposé selon des règles bien définies mais vu du côté du passager parfois on le propose, parfois on ne le propose pas. Cela dépend tout bonnement du remplissage de la cabine : s’il y a moyen de vendre davantage de billets en libérant des places en éco en « poussant » des passagers vers la business et bien avant de surclasser « gratuitement » des passagers à l’embarquement on essaiera déjà de leur vendre un surclassement payant qui leur permet de « sécuriser » l’opération. Et bien sûr on poussera d’abord l’offre aux passagers les plus fidèles qui seront en général les seuls éligibles. Si vous êtes un sans grade du programme de fidélité peu importe que vous soyez prêt à payer on ne vous proposera rien.

On peut aussi acheter des surclassements, selon les compagnies : au comptoir d’enregistrement, en porte d’embarquement voire à bord !

Certains comme Garuda Indonesia ou Swiss proposent aussi des enchères : vous « misez » le prix que vous êtes prêt à payer et les mieux disants remportent l’enchère...et les surclassements. Vous êtes informés du résultat de l’enchère la veille ou l’avant veille : si votre enchère passe vous êtes débité sinon ça ne vous a rien coûté.

Il y a enfin le surclassement payant parce que le tarif auquel vous avez acheté votre billet éco le permet. Cela est donc possible pour des billets achetés au prix fort (parfois même des billets éco quasiment aussi chers que des business à prix discount) et en contrepartie d’une somme qui peut varier.

Autant dire les choses comme elles sont : les surclassements payants sont la seule et unique manière de garantir que vous serez surclassé. Ils se font par définition contre le paiement d’une certaine somme (on en parlera plus loin) payable en argent ou en miles/points/avios etc selon la manière dont la compagnie appelle les miles prime de son programme de fidélité.

Combien payer pour un surclassement payant ?

La question légitime qui suit est : est-ce intéressant. La réponse vaut ce qu’elle vaut : ça dépend.

Cela dépend de la prestation proposée dans la classe supérieure, du vol, de l’appareil etc.

Pour passer d’une éco « standard » à une « vraie » business sur moyen courrier sur une compagnie asiatique je suis prêt à payer beaucoup plus que sur une compagnie européenne où le siège est le même et la prestation servie pas significativement meilleure. Bref je ne mettrait jamais 200 euros ou plus pour voler sur Air France en business moyen courrier sur un vol de 2 ou 3h. Dernièrement j’ai acheté moins de 100 euros un surclassement sur un Paris-Barcelone : même siège que derrière (mais siège central neutralisé), un plateau repas plus que léger ça ne valait pas plus et encore j’ai même eu des remords. Et désolé pour ceux qui ont payé leur business au prix fort…ça doit faire mal.

Par contre j’ai déjà mis 200 ou 300 euros sur une enchère. Pendant longtemps Garuda Indonesia proposait des tarifs hyper compétitifs sur le Londres-Jakarta en business faute de bien remplir le vol. On parle de 1200/1400 euros pour un vol de 15h et une excellente prestation (voir ici notre compte rendu au départ d’Amsterdam). Donc je sors (sans aucun remord cette fois-ci) les 1200 euros demandés et fais une enchère de 200euros  pour passer en First. L’enchère passe. Une seconde fois, je vois que le taux de remplissage de la cabine First est plus élevé donc je monte à 400. Et c’est passé encore une fois. Vu le prix auquel était vendu le billet First (dans les 4000 selon mon souvenir) vous comprenez que le jeu en valait la chandelle. (Voir le compte rendu du vol en First sur Garuda Indonesia).

Pour ce qui est du surclassement acheté en porte d’embarquement, ou pire, à bord, il faut vraiment se demander si le jeu en vaut la chandelle. Vous avez en effet raté une grande partie des bénéfices de voyager en classe supérieure : files prioritaire, accès au salon… donc vous ne payez plus que pour le siège et la prestation en vol. Intéressant ? A vous de voir selon les cas.

Quant aux surclassements prévus dans les conditions du tarif de votre billet de départ il faut avoir en tête que vous avez déjà payé un billet éco au prix fort, donc il peut être déraisonnable de surinvestir sur un surclassement.

Combien de miles gagne-t-on pour un surclassement payant ?

Dernier paramètre à prendre en compte et pas des moindres : allez vous gagner les miles prime et statut de votre classe d’origine ou de destination ? Cela peut peser lourd dans la balance.

Là aussi les règles divergent selon les compagnies et le système est tellement complexe qu’il est impossible d’être exhaustif.

Sur Air France et KLM vous garderez les miles et XP de votre classe d’origine (en théorie car vous allez bientôt voir que dans la pratique c’est en partie faux) .Raison de plus pour ne pas surinvestir. Sur Swiss vous aurez les miles de la classe de destination si c’est un surclassement aux enchères et les miles de la classe d’origine si c’est un surclassement à prix fixe. Sur British Airways vous aurez les miles de la classe de destination.

Mais dans la pratique on peut avoir de bonnes surprises. On s’est rendu compte par exemple que chez Swiss on pouvait avoir les miles de la classe de destination si on créditait les points sur le programme d’une compagnie partenaire. Question de systèmes d’information qui se parlent mal à mon avis.

Mieux encore, mes fameuses enchères chez Garuda. La règle chez Flying Blue est qu’on a les miles et XP de la classe d’origine. Mais que se passe-t-il si on acheté le billet sur une compagnie partenaire ? Garuda me « re-tickette » un billet de First, pour Flying Blue c’est donc un « vrai » billet de première classe : donc je prends les 60 XP au passage. De plus s’agissant d’une compagnie partenaire je gagne les miles prime en fonction de la distance parcourue et pas en fonction du prix du billet comme sur un vol Air France ou KLM. Jackpot.

En fait dès que deux systèmes d’information ont à se parler on peut avoir de bonnes ou de mauvaises surprises. Là elles ont été bonnes.

Le surclassement payant est-il une bonne affaire ?

Donc il n’y a pas de règle, seulement ce que vous pensez que cela « vaut » par rapport à l’écart de prestation. Je suis donc très vigilant sur les business-class des compagnies européennes sur moyen-courrier qui souvent ne le méritent pas. Sur le long courrier les avantages sont beaucoup plus tangibles mais, là encore, tout dépend du prix demandé.

Un de mes critères de choix est bien entendu le gains de miles. Sur Garuda vous avez compris que l’opération était juteuse et je viens de le refaire sur un vol British Airways. Passer de 10 à 80 points statut sur l’aller-retour pour moins de 200 euros c’était parfait pour booster mon statut Executive Club.

Donc à chacun de voir.

Quand peut-on être surclassé gratuitement ?

Ca c’est le Graal ! Le sujet qui alimente toutes les discussions sur les forums. Et bien autant vous dire que vous allez être déçu si votre objectif est de vous retrouver en business comme ça sans un historique solide avec la compagnie voire avec l’alliance. Désolé de tordre le cou aux rumeurs, fake news et autres conseils de grande mère mais il est temps de mettre les choses au clair.

Le surclassement gratuit peut se à différents moments :

• A l’enregistrement : bingo vous apprenez que vous êtes surclassé.

• A l’embarquement : vous tendez votre carte d’embarquement éco et vous entendez un biiiiiiiiip annonciateur d’une bonne nouvelle.

• Entre les deux : vous voyez votre carte d’embarquement mise à jour dans Apple Wallet. La plupart du temps c’est ce qui se passe d’un point de vue technique mais c’est simplement que la carte d’embarquement ne s’est pas mise à jour automatiquement sur votre smartphone et vous le découvrez à l’embarquement avec le fameux biiiiiiip ou si vous tendez une carte d’embarquement papier qui elle par définition ne risque pas de se mettre à jour.

Pourquoi est-on surclassé gratuitement ?

Contrairement à ce que beaucoup imaginent le surclassement gratuit ne fait pas partie des bénéfices du programme de fidélité dans l’aérien. Un haut statut vous rend prioritaire si jamais un ou des surclassements doit être opérés mais en aucun cas une compagnie qui n’en a pas besoin ne va se dire « tiens si on surclassait des gens aujourd’hui ? ».

Donc ça nous amène à nous demander « pourquoi une compagnie a-t-elle besoin de surclasser des passagers.

Le plus souvent c’est en raison d’une contrainte d’opérationnelle. Par exemple un changement d’appareil de dernière minute, un rebooking font qu’il n’y a pas assez de place en éco pour faire rentrer tout le monde. Si la business est vide on enverra certains passagers vers la premium-éco ou la business afin de libérer des places en éco.

Ca peut aussi être du à des facteurs commerciaux. L’éco est pleine, la business relativement vide, il y a encore moyen de vendre des billets éco et logiquement beaucoup moins de chance de vendre de la business en dernière minute. Là encore on va faire monter des passagers dans la classe supérieure pour vendre des billets éco et optimiser le remplissage de l’appareil.

Qui est surclassé gratuitement ?

Alors vous rêvez de faire partie de ces chanceux surclassés gratuitement ? Sachez que le surclassement gratuit obéit à des règles strictes qui peuvent varier à la marge selon la compagnie mais qui sont globalement qu’un ordre de priorité est établi pour savoir qui peut être surclassé. Et cet ordre de priorité dépend de :

• Votre statut dans le programme de fidélité de la compagnie.

• Votre statut sur le programme de fidélité d’une compagnie partenaire.

• Votre classe de réservation (pas classe de voyage).

En général c’est appliqué dans cet ordre et c’est le même qui prévaut en cas de rebooking suite à un vol annulé par exemple.

Donc si vous voyagez en éco à prix mini et n’avez qu’un petit ou pas de statut du tout sur le programme de fidélité de la compagnie vos chances de surclassement sont proches du néant.

A l’inverse si vous avez acheté un billet éco au prix fort (surclassable, échangeable, remboursable, flexible) et n’avez qu’un petit ou pas de statut vous vous ferez probablement doubler par un platinum qui voyage à prix mini.

Dernier point : des compagnies proposent des « vouchers d’upgrade » à leurs clients les plus fidélisés qui leurs permettent de demander un certain nombre de surclassements gratuits. Mais cela reste très marginal en volume.

Que savoir d’autre sur les surclassements gratuits ?

Pas besoin de préciser que, dans ce cas, vous ne gagnerez que les miles prime et qualifiants de votre classe d’origine. Il ne faut pas pousser grand mère dans les orties quand même !

Et le plus souvent on n’est surclassé que d’une classe. Autrement dit vous passerez d’éco à premium éco s’il y en a une et un passager de premium éco montera en business si nécessaire. Quoiqu’avec un gros statut on peut encore parfois sauter une classe mais cela se fait rare.

Le sujet est tellement vaste qu’il est impossible de traiter tous les cas particuliers mais je pense qu’on a une vue assez complète.

Bon voilà. Désolé d’avoir démoli les rêves de certains mais un surclassement n’arrive jamais par hasard et n’est jamais gratuit : soit vous le payez soit on considère que vous avez assez payé avant pour le mériter. Comme en matière de programmes de fidélité on ne prête qu’aux clients qui dépensent et c’est somme toute logique.

Photo : Surclassement De Aris Suwanmalee via Shutterstock

Bertrand Duperrin
Bertrand Duperrinhttp://www.duperrin.com
Voyageur compulsif, présent dans la communauté #avgeek française depuis la fin des années 2000 et passionné de (longs) voyage depuis sa jeunesse, Bertrand Duperrin a cofondé Travel Guys avec Olivier Delestre en mars 2015. On peut le retrouver aussi aussi sur http://www.duperrin.com où il parle depuis plus de 10 ans de la transformation digitale des organisations, son métier quand il est au sol.
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